Quoi de plus personnel qu'un vestiaire féminin ? - Lot 0

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Quoi de plus personnel qu'un vestiaire féminin ? - Lot 0
Quoi de plus personnel qu'un vestiaire féminin ? La grande originalité de celui de Liliane Ruault est qu'il nous raconte bien plus que l'histoire de celle qui l'a porté, choisi et chéri. Avec elle, l'histoire intime s'inscrit dans le sillage de la grande histoire, et c'est en cela qu'il est marquant, important et passionnant. Les vêtements, les chapeaux, les bijoux couture, les photos d'archives, qu'il recèle, sans oublier les arts de la table et le mobilier de son appartement de l'Avenue Foch, tout nous transporte dans la grande époque des années 60 à 90, celles des fêtes somptueuses de son beau-frère, le producteur Eddie Barclay, entouré de jolies femmes, de sa sublime et jeune épouse, Caroline, et d'un aéropage des plus grandes stars de la chanson française qu'il a débusquées et portées au firmament, de Johnny Hallyday à Dalida, pour ne citer qu'eux. Les tenues chicissimes de Liliane reflètent donc avant tout une époque, où le luxe n'était pas d'être identifiable pour ressembler aux autres, mais au contraire d'affirmer une différence, la sienne. Elles nous replacent dans le Saint-Tropez des soirées blanches ou dans les dîners mondains et les cocktails parisiens, où les femmes rivalisaient de beauté, d'élégance, simplement parce qu'elles aimaient être belles et que tel était leur plaisir de femme. Les protagonistes en question, étaient les acteurs de leur vie, conscients de leur liberté, et surtout de qui ils étaient.. Cette liberté, justement, elle fut si chèrement acquises par les frères Ruault, provinciaux d'un milieu modeste et venus ensemble à Paris pour y tenter leur chance. Nés tous les deux dans l'entre-deux guerres, Paul, le mari de Liliane, la conquiert dans la résistance, ce qui lui vaudra d'être promu après la guerre Préfet de Versailles. Une carrière aux antipodes de son jeune frère Édouard, artiste et musicien, qui lui résiste aux Allemands en organisant des fêtes clandestines dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, une autre forme de résistance, plus artistique déjà, mais non moins admirable. Un point commun et un amour fraternel profond qui liera pour toujours les deux frères malgré leurs évidentes différences, celui de leur parcours d'hommes libres et de francs-tireurs. Liliane quant à elle, née Gautherot, est issue de la grande bourgeoisie champenoise. Ses ancêtres, vignerons depuis le XVIIe siècle, feront leur fortune à la Belle Époque grâce au champagne éponyme. Si le destin que se choisit Paul sera celui de la haute fonction publique et du service de l'état, Edouard quant à lui, deviendra Eddie Barclay, l'Américain, un Gatsby le Magnifique français devenu roi du microsillon. Mais, il y a toujours une femme derrière un grand homme, et c'est exactement ce que j'ai ressenti à travers le vestiaire de Liliane. J'ai discerné d'abord l'amour qui la liait à son mari Paul, et l'affection profonde et réciproque qu'elle avait pour son beau-frère Eddie, qu'elle admirait à l'évidence, et auquel elle faisait le don de sa présence discrète mais brillante lors de ses fêtes tropéziennes, comme en attestent les si nombreuses photos qu'elle archivait et classait méticuleusement. J'ai aussi perçu d'elle tant d'autres choses, comme la foi qu'elle avait dans l'amour, la vie, la beauté, et la foi tout court, qu'elle a acté dans le don de sa fortune qu'elle a généreusement choisi d'offrir à une association d'essence catholique, et enfin son tempérament fantasque, ce grain de folie qu'elle mettait dans la mode qu'elle collectionnait mais qu'elle tempérait par ce classicisme à la française, hérité sans doute de son éducation, et puis cette allure de grande dame qui la caractérisait et qu'elle savait très bien traduire à travers ses tenues, et ces marques prestigieuses si françaises qu'elle affectionnait tant : la coupe de Monsieur Dior, la matière et le chic insolent de Chanel prolongé par Karl Lagerfeld, Sonia Rykiel pour la maille et la décontraction, et enfin Yves Saint-Laurent pour la bohème chic, les voyages et la fantaisie. Cette vente rend hommage à son goût, car en Liliane se retrouvent un peu toutes les femmes, la préfète solennelle, la maîtresse de maison rayonnante, la midinette amoureuse, la fashion victim et la Café society des soirées blanches. Elle demeure le conservatoire de cet art de vivre à la française que nous ne voulons pas voir disparaître car il est l'émanation profonde de notre culture que nous chérissons, de ce qu'elle a fait de mieux, avec ce mélange inédit de charme, de sens de la fête, d'insolence et de bonnes manières. Alors merci, Liliane, Paul, et chapeau l'artiste, Eddie, de nous avoir fait revivre la légende, l'espace d'un instant, toujours salubre ! Delphine Antoine-Morhange, Paris, Novembre 2024. * Nous remercions Madame Caroline Barclay pour son aimable coopération.
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