En vente

Moïse Kisling (1891-1953), Paysage de Sanary, 1951, huile sur toile, 60 x 73 cm. Estimation : 40 000/50 000 euros. Mercredi 9 février, salle 6 - Drouot-Richelieu. Même si la saison n’incite pas nécessairement à la flânerie sur les coteaux de la Seine de l’Ouest parisien, c’est dans l’un des sites prisés des impressionnistes, Port-Marly, que l’on se propose de suivre Albert Lebourg. 10 000/15 000 euros sont demandés de son panorama boisé, au milieu duquel paresse le fleuve, à peine troublé par quelques barques... Avec Maurice Utrillo, fini le plein air, bienvenue dans l’univers intimiste : d’abord avec un bouquet de Fleurs dans une cruche, une oeuvre exécutée vers 1936 (30 000/40 000 euros), puis avec une nature morte du début des nannées 1940, Le Chapeau de Lucie (60 000/70 000 euros). Nous voici bien loin des vues de Montmartre qui firent sa renommée, même si l’on reconnaît la patte du maître. L’oeuvre a appartenu à Lucie Valore, de son vrai nom Lucie Veau (1878-1965), veuve d’un banquier belge collectionneur des oeuvres de Maurice Utrillo, qu’elle épousa en 1935 sur les conseils de Suzanne Valadon, la mère du peintre. Gardienne des finances du couple, Lucie Valore veillait également à ce que le cher Maurice travaille et ne retombe pas dans l’alcoolisme. Encouragée à peindre par ce dernier et sa belle-mère, elle a réalisé des paysages, portraits et natures mortes dans un style naïf. Le succès ne fut pas vraiment au rendez-vous. Gageons en revanche qu’il récompensera ici deux oeuvres de son contemporain, artiste de l’école de Paris, Moïse Kisling, un Paysage de Sanary (voir photo) et une curieuse toile double face, Paysage de Pologne et Nature morte aux fruits et à la cruche. Si les vues de l’arrière-pays varois, souvent ponctuées d’habitations ou de personnages, ne sont pas une exception sous son pinceau – et pour cause, il y posséda deux maisons dans les années 1930-1940, avant de s’y fixer en 1946 – beaucoup plus rares sont les oeuvres représentant son pays natal. De facture et de sujet inhabituels, notre toile illustre également les débuts du peintre, en 1908-1911 (30 000/ 40 000 euros). Élève aux beaux-arts de Cracovie, Kisling suit les conseils de son professeur et s’installe à Paris en 1910. Souvenir des paysages de son enfance, cette toile, comme une image jamais effacée... Plus classiques, les objets et le mobilier qui les entourent. À savoir de l’art asiatique, des miniatures, du mobilier Consulat et Empire. Sans oublier, à nouveau côté cimaises, huit études de figures au crayon, à la plume ou à l’encre d’Eugène Delacroix (est. entre 400 et un millier d’euros), et six panneaux de beau format par Adolphe Monticelli provenant d’une collection française, emmenés par une Scène orientale (15 000/18 000 euros). Gazette Drouot n°5 - 4 février 2011